Le départ de Bertrand Guillerm
7 octobre 2024Depuis le début de sa vie professionnelle, c’est comme si son destin était tracé pour le conduire à la SICA TR… Maintenant à la retraite, Bertrand nous a partagé son parcours riche et varié qui l’a mené à travailler pour la coopérative.
La tomate, une histoire d’amour malgré lui
Bertrand a grandi dans la tomate grâce à son père qui était producteur de légumes en Bretagne. C’est son père qui lui a appris son métier, et depuis, la tomate ne l’a jamais quitté durant toute sa carrière.
À 20 ans, il part faire du volontariat 3 ans au Niger pendant la grande famine du Sahel en 1983, il n’a pas pu s’empêcher de planter de la tomate aux abords du désert du Ténéré avec l’eau des puits dont il était en charge de conception. Ce fut un succès, on l’appelait déjà « Monsieur Tomate« .
Suite à ça, Bertrand a fait un tour au CTIFL de Nîmes (encore dans la tomate), puis dans un CAT où il a encore produit de la tomate avec des personnes handicapées. Il devait reprendre l’exploitation familiale mais La Réunion l’a attiré.
En 1989 après le cyclone Firinga, il été embauché comme technicien à la chambre d’agriculture à Petite Île où les producteurs plantaient « au trou » avec comme seul outil une pioche. Il habitait à 200 m de la cour où un bazardier avait attisé sa curiosité sur les méthodes de commercialisation à La Réunion.
De retour en Bretagne pour enfin s’installer sur l’exploitation familiale, il reçoit un appel de La Réunion pour être le premier technicien de l’ARMEFLHOR. Il a alors abandonné son projet à Brest pour revenir sur l’île. Et comme par hasard (ou pas), la tomate a été le premier produit d’expérimentation de l’ARMEFLHOR pour faire du hors sol.
Ses débuts à la SICA Terre Réunionnaise :
Il a ensuite trouvé l’opportunité de s’installer à Piton Saint leu sur une surface de 1.2 ha de serre, pour produire de la tomate hors sol. En même temps, la SICA Terre Réunionnaise venait de voir le jour (OPTR à l’époque).
Après maints déboires sur son exploitation qu’il a voulu développer trop tôt et trop rapidement, il a arrêté son activité et a voulu couper avec la tomate une fois pour toute. Il est donc parti 3 ans à Madagascar pour s’occuper de l’oignon pour l’export vers la Réunion et du litchi pour l’Europe.
Mais la tomate l’a vite rattrapé, il a été appelé pour faire de la formation de tomate sous abris en hors sol au CFPPA de Piton Saint Leu.
En 2008, le poste de technicien en culture hors sol de la SICA TR se libère, il se met à développer la filière hors sol à la coopérative et c’est là qu’il a vraiment pu partager ses expériences avec les producteurs. Ayant été producteur lui-même, il connaissait les mêmes difficultés qu’ils étaient tous en train de vivre. Cela a été un atout, car il les comprenait.
À l’époque, la production de tomate de l’OPTR se situait entre 800 et 1000 t. Il manquait de surface et c’est en 2011 que le premier gros projet d’extension de 6 ha de surface de serre a vu le jour en moins d’un an. La production a décollé et les besoins d’encadrement technique ont créé un dynamisme entre les adhérents et la SICA TR. L’agriculture raisonnée, la PBI, les premières gouttières, les équipements de manutention, les premiers cahiers des charges conformes aux règlementations de l’époque, les sessions de formation… en sont les résultats.
Bertrand a grandement participé au développement de la coopérative grâce à son expertise. Son destin était-il scellé depuis le début à cause de/grâce à la tomate ? Peut-être…
Moments forts et remerciements :
Les moments les plus forts pour lui ont été les voyages d’études mémorables aussi enrichissant que plaisant qu’il a pu faire avec les producteurs en Espagne en 2011 et en Bretagne en 2013 et en 2016. Il a même gardé en souvenir les « Ouest France » et les « Télégramme de Brest » sur lesquels ils avaient eu droit à des articles avec photos. Il garde précieusement en souvenir la bonne ambiance au travail, et la bonne humeur générale.
Sa dernière année fut moins plaisante en tant que responsable technique car il faisait moins de terrain et devait se concentrer sur la paperasse qui aujourd’hui, est indispensable pour le développement de la coopérative.
« Toutes ces années ont été aussi un véritable travail d’équipe avec Patricia, Eva et pas seulement d’un point de vue administratif mais aussi moral car c’est un métier pas toujours facile. Le technicien doit tenir compte des contextes sociaux, environnementaux et économiques des producteurs pour adapter ses conseils, et à la Réunion, ils sont aussi divers qu’il y a d’adhérents. Patricia et Eva étaient toujours prêtes à m’écouter au retour du terrain, et toujours dans la bonne humeur.
Un véritable travail d’équipe aussi avec les techniciens ou les échanges ont été fructueux, je pense aux anciens avec lesquels j’ai le plus longtemps côtoyé, Côme et Anaïs et tous ceux qui ont suivi ou qui sont déjà partis.
Un véritable travail d’équipe aussi avec l’équipe commerciale, et je pense surtout à François Malin. J’avais mis du temps à savoir que c’était un petit nom gâté, car je me disais toujours qu’il portait bien son nom.
Je pense aussi à toute l’équipe de préparation et de logistique avec qui j’ai beaucoup échangé, et qui sans eux les productions de nos adhérents ne pourraient pas se vendre… et bien entendu toute l’équipe administrative… En fait tout est lié à la bonne réussite de l’entreprise.
Bon courage à tous les producteurs, je pense beaucoup à vous. Merci car c’est à vous que je dois beaucoup. Me voilà donc en retraite, la page de la tomate est tournée, enfin j’espère ! À moins que … »
Nous remercions Bertrand de nous avoir partagé ses connaissances et son professionnalisme durant ces 16 dernières années.